Trajectoire 1, Corentin

 

Corentin est né en 1976 et vit dans le 94 à Vitry-sur-Seine.

 

1. Quelle profession exerces-tu actuellement ?

J'ai créé une société de service aux entreprises. Si officiellement je suis président de mon entreprise, dans les faits je suis ingénieur en mécanique et microtechniques free-lance.

http://www.cd-innovation.fr/accueil/l-offre/

 

2. Décris en quoi consiste ton travail.

Mon travail est celui d'un ingénieur en mécanique, orienté vers la gestion de projet, l'innovation technique et la conception de nouveaux produits.

Comme données d'entrée, j'ai un cahier des charges qui va caractériser un produit : ses fonctions, ses performances (durée de vie, qualité,...), son prix et le délai de réalisation du projet.

Mon travail consiste donc à respecter ce cahier des charges, de réaliser les dessins et prototypes qui permettront à ce produit d'être fabriqué en grande série et à être commercialisé. Je suis aussi garant de ce produit tout au long de son utilisation (SAV).

 

3. Travailles-tu en groupe ? Individuellement ? Dans quel type de lieu ?

Si je suis aujourd'hui free-lance, le quotidien de mon travail est réellement un travail d'équipe et de collaboration étroite avec mes clients. En effet, je dois apporter des compétences qui manquent dans leur organisation et dans laquelle je dois me fondre.

J'exerce mon travail à domicile, mais des déplacements professionnels sont nécessaires et réguliers.

 

4. Depuis exerces-tu cette profession ?

J'ai commencé à exercer le métier d'ingénieur d'études en 1999. Ma situation actuelle est l'évolution logique de ce métier. Le cœur de ma profession n'a pas changé, seul l'environnement évolue.

 

5. Est-ce que ton métier correspond à ta formation initiale ? Si besoin, apporte des explications.

Je suis diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure de Mécanique et des Microtechniques (ENSMM) et à ce titre, mon métier correspond à ma formation initiale.

 

6. Décris les grandes étapes de ta trajectoire.

Bac C, Maths Sup/Spé, concours, ENSMM. Une trajectoire initiale logique.

J'ai commencé à travailler en tant que prestataire, ce qui permet d'apprendre vite et d'être confronté à des environnements très différents.

J'ai ensuite travaillé en bureau d'études de lunetterie dans le Jura pendant 2 ans, avant de d'expérimenter la vie vendéenne pendant 6 mois seulement.

Suivent ensuite 2 ans et demi de chômage. Je souhaitais explorer de nouveaux secteurs industriels, mais je n'ai pu débloquer ma situation qu'à partir du moment où je me suis tourné à nouveau vers la lunetterie via des candidatures spontanées.

C'est donc chez Alain Mikli que j'ai pu rebondir et évoluer au sein de cette entreprise et exerçant successivement les postes de ingénieur d'études, responsable bureau d'études puis responsable recherche et développement.

L'entreprise ayant été rachetée j'ai à mon tour été éjecté après 9 ans de services.

L'opportunité de travailler sur des sujets familiers avec mes anciens collègues m'a enfin encouragé à tenter l'aventure de la création d'entreprise.

 

7. Te sens-tu à ta place dans ta fonction ?

Si professionnellement, je me sens « à ma place » car effectivement je maîtrise les principaux aspects de mon métier d'ingénieur, j'ai encore du mal à entrer dans la peau d'un entrepreneur, notamment le côté prospection commerciale qui n'est pas dans ma nature.

Mais l'endroit où je me sens le plus « à ma place » est sur un télésiège, à explorer quelle trajectoire je vais pouvoir tracer dans la poudreuse.

 

8. Quelles satisfactions en retires-tu ?

La principale satisfaction de mon métier est de voir les produits que l'on a conçus dans la rue, dans les étals, à la télévision, et de voir que les clients sont satisfaits de les porter. C'est à ce moment là qu'on se sent utile.

Ce que j'apprécie aussi dans le métier de la conception, c'est de résoudre des problèmes multi-paramétriques, de trouver la solution à des casse-têtes, bref, de faire fonctionner mon cerveau.

 

9. Quels sont les désagréments, les dysfonctionnements, qui te gênent ou que tu aimerais dénoncer ?

Ma situation actuelle ressemble à l'uberisation de notre société. Si j'ai créé une entreprise, c'est surtout qu'un entrepreneur aujourd'hui préfère faire appel à des travailleurs indépendants plutôt que d'embaucher des salariés à temps plein, mais si ça lui coûte plus cher au final.

 

10. Quelles sont tes perspectives pour l’avenir ?

Mon entreprise étant toute neuve, j'espère pouvoir gagner d'autres clients, augmenter mon chiffre d'affaires, ce qui se produira si j'arrive à développer mon sens commercial.

Si tout se passe bien, je peux imaginer embaucher des salariés, mais ce n'est pas ma finalité.

11. As-tu déjà été en recherche d’emploi ? Si oui, peux-tu raconter comment cela s’est passé ? (Durée, démarches, structures vers lesquelles tu t’es tourné(e)…)

Oui. Ma période de chômage a duré 2 ans et demi, entre juin 2003 et décembre 2005.

J'ai été suivi par l'APEC (Agence Pour l'Emploi des Cadres). C'était possible à l'époque, avant la création de Pôle Emploi. J'avais des rendez-vous réguliers avec un conseiller qui m'a aidé notamment en simulant des entretiens de recrutement pour analyser mes défauts.

Pendant longtemps je n'ai fait que répondre à des annonces. C'est seulement à partir du moment où j'ai préparé des candidatures spontanées que la situation s'est débloquée. C'est le seul moyen d'accéder au « marché de l'emploi caché ».

 

12. Quels conseils me donnerais-tu, moi qui n’ai jamais été confrontée à ces problématiques ?

Si ton but est d'obtenir un emploi salarié, il faut utiliser les outils que Pôle Emploi met à disposition : réunions, documents, aides personnalisées. Tu peux bénéficier des services de Pôle Emploi même étant démissionnaire de la fonction publique. Tu n'as pas besoin d'attendre d'y être inscrite.

La candidature spontanée est la meilleure arme. Mais identifier une cible est une vraie enquête. Il faut identifier les employeurs qui t'intéressent, analyser leur ADN, trouver le futur N+1 et surtout proposer un service qui leur fait défaut ou qu'ils recherchent sans l'avoir forcément exprimé.

Il faut savoir que les entreprises qui recrutent ne passent pas forcément de petites annonces officielles.

Développer ton réseau professionnel te permettra d'accéder à ces informations. Ce réseau, ça peut être des gens que tu connais, des amis, des amis d'amis, la famille, des gens que tu as croisés dans le passé. C'est aussi activer les réseaux professionnels comme Viadeo ou LinkedIn. C'est participer à des salons, des événements, comme les régates organisées à la Trinité où les petits fours avalés sont plus importants que les bouées passées.Ton réseau professionnel est bien plus vaste que ce que tu penses.

Tu parles d'écriture, de journalisme, il faut savoir que le journalisme est un secteur saturé. Il y a beaucoup de candidats et peu d'élus. Il faut que tu identifies ce qui va te différencier toi par rapport à la concurrence. Et oui, la recherche d'emploi, c'est le libéral-capitalisme, désolé.

Justement, ton point fort peut aussi être ton expérience de professeur, d'écrivain ou les compétences que tu as pu développer pour vivre sur une île pendant quelques années.

Attention c'est là que ça devient un travail de funambule : être différent, mais pouvoir rentrer dans les cases pour rassurer un employeur.